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Croissance, taux de la dette, rentrées fiscales... : la crise politique coûte des milliards à la France
information fournie par Boursorama avec Media Services 07/10/2025 à 17:07

Selon l'OFCE qui a évalué les effets de l'incertitude ambiante, le coût de la crise politique depuis son démarrage en juin 2024 se chiffrera à la fin 2025 à 0,5 point de croissance, soit 15 milliards d'euros.

Sébastien Lecornu et Emmanuel Macron à Hanoi, au Vietnam, le 26 mai 2025. ( AFP / LUDOVIC MARIN )

Sébastien Lecornu et Emmanuel Macron à Hanoi, au Vietnam, le 26 mai 2025. ( AFP / LUDOVIC MARIN )

Au lendemain de la démission surprise de Sébastien Lecornu, l'avenir politique de la France est toujours plus incertain. Et cette incertitude pèse toujours plus lourd sur les finances publiques, avec un impact sur les investissements, la croissance ou encore les taux d'intérêt. L'économie française n'en finit pas de subir les conséquences de la dissolution décidée par Emmanuel Macron en juin 2024.

• Moins de croissance

Attendue cette année à seulement 0,8% par l'Insee, la croissance française est affectée par la frilosité des investissements des entreprises et des ménages, la progression du taux d'épargne, et les effets du ralentissement économique sur l'emploi.

Selon l'OFCE qui a évalué les effets de l'incertitude ambiante, le coût de la crise politique depuis son démarrage en juin 2024 se chiffrera à la fin 2025 à 0,5 point de croissance, soit 15 milliards d'euros. "Dans un moment d'incertitude, les entreprises gèlent un peu tout, à la fois l'investissement et l'emploi. Et les ménages épargnent davantage", ce qui nuit à la croissance, détaille auprès de l' AFP Éric Heyer, économiste à l'OFCE.

Cette évaluation doit être prise avec "précaution", prévient toutefois l'économiste, face à la grande difficulté à évaluer précisément l'effet d'une crise aux multiples facettes, dans un climat par ailleurs morose à l'échelle mondiale.

Le ministère de l'Économie avait estimé fin janvier le coût de la censure du gouvernement de Michel Barnier et "l'instabilité qu'elle a générée" à 12 milliards d'euros, un chiffrage alors contesté par l'opposition.

Pour les experts d'Allianz Trade, la dissolution seule de l'Assemblée nationale a coûté 4 milliards d'euros , répartie entre une baisse de 2,9 milliards d'euros des rentrées fiscales liée à la perte de 0,2 point de croissance et la hausse de la charge sur les taux d'intérêt français, de l'ordre d'un milliard d'euros.

• Des marchés financiers secoués

Les marchés financiers ont subi de plein fouet la crise politique, qu'il s'agisse des actions en Bourse ou des taux d'intérêt auxquels la France emprunte.

Le principal canal de diffusion de la crise est la hausse des taux d'emprunt français à dix ans , visible à travers l'écart de taux avec l'Allemagne, appelé le spread : celui-ci a augmenté d'environ 0,3 à 0,4 point par rapport à la période précédant la dissolution.

La hausse des taux français n'est pas une bonne nouvelle pour les finances publiques mais est encore amortie par le fait que le pays a emprunté ces dernières années à des taux historiquement bas. "Ce n'est pas dramatique, ce n'est pas la Grèce, mais cela va toujours plus compliquer l'effort budgétaire", tempère toutefois Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management.

Pour la Bourse, l'indice CAC 40, qui rassemble les 40 plus grosses entreprises du pays, a progressé d'environ 8% depuis le début de l'année , contre 15 à 25% sur les principales places financières européennes, Londres, Francfort et Milan.

Pour les entreprises "cela fait des capacités d'investissement en moins", et cela les affaiblit dans la compétition internationale, réagit Eric Heyer, qui a pris en compte ce facteur dans les prévisions de l'OFCE.

• Plus de frais engagés

Organiser des élections, rembourser des frais aux candidats, multiplier les indemnités pour les anciens ministres... Organiser la démocratie, surtout lorsqu'elle est convoquée plus souvent que d'habitude, a un coût élevé, bien qu'il soit plus négligeable que les autres frais.

L'organisation des élections législatives ayant suivi la dissolution de l'Assemblée nationale a coûté environ 200 millions d'euros, a évalué Charles de Courson, ancien rapporteur général du Budget, dans un rapport parlementaire de novembre 2024.

Lors de la chute du gouvernement de Sébastien Lecornu lundi, de nombreux messages sur les réseaux sociaux ont fustigé les avantages accordés à cinq députés nouveaux entrants au gouvernement, ainsi qu'à Bruno Le Maire, qui n'ont été ministres que quelques heures mais pourraient bénéficier de trois mois d'indemnités.

Selon l'article LO153 du code électoral, "l'incompatibilité (...) entre le mandat de député et les fonctions de membre du gouvernement prend effet à l'expiration d'un délai de un mois". Mais "l'incompatibilité ne prend pas effet si le gouvernement est démissionnaire avant l'expiration dudit délai", poursuit le texte, ce qui a été ici le cas. En clair : les anciens députés vont continuer à percevoir leurs indemnités parlementaires et pas l'indemnité ministérielle , tandis que Bruno Le Maire a repris ses activités dans le privé.

9 commentaires

  • 17:50

    Ca brule et les pyromanes s'étonnent du résultat de leurs choix et connivences... Vive le front des Mozarts et sauveurs coalisés...


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